Le Nutriscore un outil fiable? réponse à LCI et la Dépêche du midi
J’ai eu l’occasion à plusieurs reprises de donner mon avis sur le Nutriscore sur la Dépêche du midi et LCI
Voici l’article et mon avis
Que pensez-vous du Nutri-score ?
C’est un outil avant tout intéressant pour les personnes qui n’y connaissent rien à la nutrition. Il communique de façon assez simple les informations nutritionnelles d’un produit alimentaire lambda, qu’elles soient positives ou négatives. Le Nutri-score liste d’un côté les nutriments à favoriser comme les fibres et les protéines et d’un autre côté, ceux qui doivent être limités : calories, acides gras saturés, sucres, sel…
Ce système de notation tient-il compte de tous les apports nutritionnels d’un produit alimentaire ?
Non, il y a effectivement des éléments qui ne sont pas pris en compte. C’est le cas des micronutriments comme les vitamines ou les oligo-éléments : il est difficile d’analyser leur présence dans des produits alimentaires.
Est-ce un outil qui est aujourd’hui correctement utilisé par les consommateurs ?
C’est un outil qui nécessite aujourd’hui beaucoup de pédagogie. De nombreux patients viennent me voir en m’expliquant que parce qu’un produit alimentaire était bien noté, ils pouvaient le consommer autant de fois qu’ils le souhaitaient.
Pourtant, le Nutri-score, ça reste un outil très marketing. On a des produits industriels ultra-transformés qui sont peut-être bien notés mais qui peuvent être sources d’obésité s’ils sont trop consommés. Prenez par exemple un paquet de frites bio : elles peuvent faire l’objet d’un bon Nutri-score parce que les pommes de terre sont bios. Mais consommées en quantité, elles peuvent elles aussi être dangereuses pour la santé. Résultat : on se retrouve avec des caddies de supermarchés remplis de produits industriels ultra-transformés plutôt bien notés, alors que ces derniers ne doivent représenter que 30 % d’un panier de courses.
Ce Nutri-score, comment doit-il être utilisé ?
Le Nutri-score en lui-même ne suffit pas. Il faut que les consommateurs n’hésitent pas à se pencher sur la liste des ingrédients qui se trouvent sur les produits alimentaires qu’ils achètent. S’il y a au moins un ingrédient dont le nom leur est inconnu, qu’ils le laissent en rayon. Même chose si le produit en question compte plus de cinq ingrédients différents. Il faut privilégier au maximum les aliments naturels, comme les fruits. Eux hélas, ne sont pas soumis au Nutri-score.
Et du côté des grandes industries, la mise en place du Nutri-score depuis 2016 a-t-elle changé la donne ?
Il y a eu incontestablement une prise de conscience des groupes industriels. La plupart d’entre eux ont été contraints de modifier leurs recettes, d’enlever des additifs. On a des produits alimentaires qui ont énormément changé ces dernières années. Les choses bougent, même si le Nutri-score devra sans doute être amené à évoluer.
De même pour LCI, j’ai mis l’accent sur le fait qu’il n’y a pas de Nutriscore sur une pomme et pourtant le choix et plus intéressant qu’un fruit transformé au niveau nutritionnel et environnemental